Volkswagen a parfois eu le nez creux en sortant des modèles de niche qui sont devenus, avec le temps, de grands classiques…
Audi RS 3 (2011-2012) : une courte carrière
En matière de petites sportives, l’acte fondateur est le lancement, en 1976, de la Golf GTI. Elle régna longtemps sans partage, et quand la concurrence répliqua avec des rivales tout aussi épicées (Peugeot 205 GTi, Renault 5 GT Turbo…), Volkswagen prit ses distances en lançant la Golf VR6. Avec 174 ch, jamais une compacte n’avait osé pousser le bouchon aussi loin. Forcément, Audi, qui appartient au groupe VW depuis 1965, a été à bonne école. Sur ce point, on peut dire que l’élève a dépassé le maître ! Pour mener à bien ses travaux, Audi a retenu l’A3.
La première génération ouvrait les débats en version S3, avec un 4 cylindres poussé jusqu’à 220 ch. La seconde génération d’A3 a hérité d’une telle déclinaison modernisée (2.0 TFSI) délivrant 265 ch. Audi aurait pu se contenter de cette S3 mais la sortie inopinée d’une certaine BMW Série 1 M a contraint le constructeur à réagir dans l’urgence, dès 2011, soit à peine un an avant l’arrêt du modèle.
Cela se voit malheureusement, cette RS 3 paraissant un peu bricolée, avec son train avant plus large que l’arrière. Il est vrai que les sorciers du département quattro GmbH, devenu Audi Sport, ont fait leur possible pour caser, sous le capot, le fantastique 5 cylindres 2.5 turbo de 340 ch prévu initialement pour le TT RS.
Il résulte de cette greffe improbable la silhouette un peu bizarre d’une A3 Sportback (5 portes) affublée d’ailes avant élargies en plastique renforcé. Heureusement, en devenant la berline compacte de série la plus puissante du moment, la RS 3 propose des performances exceptionnelles. Avec, bien entendu, une belle efficacité, la transmission intégrale Quattro étant livrée d’office. Le couple maxi, disponible dès 1 600 tr/mn, passe sans sourciller. Mais cela se fait au détriment du plaisir de conduite, l’auto étant constamment rivée au sol, quitte à trop charger le train avant. L’ultime génération délivrant désormais 400 ch, cette RS 3 un peu brouillonne, mais fiable, s’affiche à des prix attractifs en occasion, puisqu’on en trouve dès 29 000 €…
L’intérieur
Conforme à la tradition Audi d’époque, la RS 3 bénéficie d’une finition rigoureuse. Malgré un prix de vente fixé à près de 55 000 € à l’époque, elle ose quelques mesquineries, comme facturer le GPS. Afin de conserver une bonne valeur résiduelle, visez absolument un exemplaire richement doté. Les options les plus recherchées, qui donnent une vraie plus-value à l’auto, sont les baquets à coques peintes, vulnérables au niveau du dos, mais tellement beaux. Les assises, en cuir ou en Alcantara, ont bien sûr une tendance naturelle à s’user sur les bourrelets latéraux. Enfin, il faut savoir que de nombreux exemplaires ont reçu des options Audi Exclusive, les rendant uniques.
La carrosserie et la structure
Audi s’est ici contentée de faire dans le classique. La RS 3 étant intégralement en acier, excepté les ailes avant, en plastique renforcé de fibres, et les boucliers avant et arrière, en composite. D’origine, la RS 3 force le respect avec une peinture parfaite, des ajustages millimétrés et des joints épais. Un exemplaire présentant un effet peau d’orange ou toute autre anomalie doit vous alerter. Vous êtes en présence d’un modèle qui a été accidenté et mal réparé.
Le moteur
Chez Audi, le 5 cylindres turbo est une spécialité qui remonte à la mythique Quattro, apparue en 1980. Autant dire que le constructeur maîtrise son sujet, et ce moteur, déjà éprouvé auparavant sur le TT RS de l’époque, ne déroge pas à la règle. Doté d’une distribution par chaîne, ce bloc à 20 soupapes équipé d’un gros turbo qui souffle à 1,2 bar est réputé très fiable. Au point de supporter sans faiblir les préparations les plus folles des spécialistes MTM ou ABT qui en tirent plus de 450 ch.
Pour conserver la garantie constructeur, il faudra bien sûr le laisser d’origine et le faire entretenir dans le réseau. Prévoyez une révision tous les 30 000 km ou une fois par an (600 € environ). C’est une fréquence à diviser par deux en cas de conduite sportive ou urbaine. Pour préserver la longévité du moteur, il faut bien sûr respecter les temps de chauffe, mais aussi la lubrification nécessaire du turbo après de fortes sollicitations. Les seules faiblesses connues, détectées sur le premier millésime, se limitent aux bobines d’allumage, facturées 60 € pièce, et aux clapets de l’échappement actif optionnel, qui peuvent s’oxyder et vibrer. Dans ce dernier cas, il n’y a malheureusement rien à faire…
La transmission
Cette transmission intégrale reçoit un système Quattro de type Haldex, le bloc étant placé transversalement. Il faut effectuer une vidange tous les 60 000 km (comptez 200 € environ). C’est une fréquence à diviser par deux pour un exemplaire souvent sollicité. On procédera à la même opération pour la boîte S tronic à 7 rapports, livrée d’office sur ce modèle. Il s’agit, en fait, d’une DSG douce et assez réactive signée Volkswagen. Et une vidange de boîte coûte 350 € environ. Enfin, faites attention à ce que les roues avant, plus grosses que celles à l’arrière, soient bien à leur place. Il n’est pas rare que certains non-initiés les inversent à l’occasion d’un changement de pneus, ce qui peut endommager le différentiel arrière. Un élément coûteux à remplacer, facturé plus de 2 000 € avec la main-d’œuvre.
Les trains roulants
La RS 3 est assez lourde (1 575 kg) et cette sangsue a tendance à trop charger le train avant. En conduite sportive, les pneus trinquent en premier (environ 500 € le jeu), puis les freins. D’ailleurs, les cas de disques voilés sont légion, et ces derniers ne sont pas donnés (850 € le jeu à l’avant) ! Mais le mal est connu, et si Audi ne prend désormais plus rien en charge, il existe des solutions. Idéalement, il faut, à chaque révision, nettoyer les freins et les trous des disques qui se bouchent avec les dépôts.
Par ailleurs, il est recommandé de poser des plaquettes de type racing avec un liquide de frein capable de supporter de fortes températures, sans oublier de monter des durites aviation renforcées. Comptez 1 000 € environ pour l’ensemble. Enfin, comme sur toutes les sportives de ce calibre, la RS 3 reçoit des jantes spécifiques. Elles sont vulnérables au moindre contact sur un trottoir. Les modèles de type Rotor sont très appréciés, mais chers à remplacer puisqu’ils sont facturés 895 € pièce !
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Les tarifs en occasion
Depuis que la seconde génération de RS 3 est sortie avec 400 ch, cette version Mk1 voit ses prix descendre lentement… mais sûrement ! Les exemplaires de 2011, peu équipés et flirtant avec les 100 000 km, s’affichent parfois à moins de 30 000 €. Les plus récents et beaux modèles tournant autour des 35 000 €.
Le choix de Sport Auto
Cette RS 3 ayant peu évolué durant sa courte carrière, il s’agira ici de dénicher un modèle impeccable, le moins kilométré possible et avec options, de préférence Audi Exclusive. Comptez 38 000 € environ pour un tel exemplaire…