Le nom d’Isdera ne parlera pas à tout le monde. Ce petit constructeur allemand, fondé en 1983, était spécialisé dans la production de supercars ultra exclusives. Une sorte de Pagani, ou de Koenigsegg, des années 80. Isdera a accouché de certaines voitures, qui faisaient alors partie des plus rapides de la planète. Régulièrement en proie à des difficultés financières, la marque allemande vient de mettre officiellement la clé sous la porte.
Un groupe chinois au secours de la marque allemande
Isdera a vu le jour officiellement en 1983. Mais son créateur, Eberhard Schulz, fabriquait déjà des voitures depuis 1969. Le nombre de modèles produits durant ce laps de temps est quasi impossible à déterminer, en revanche on estime que moins d’une centaine de voitures sont sorties des ateliers d’Isdera depuis 1983. Le qualificatif « exclusif » n’est donc pas usurpé.
Mais, en effet, ce n’est pas la première fois qu’Isdera fait face à des difficultés financières. On le sait, ce genre de petits constructeurs, restés très artisanaux, ont souvent du mal à survivre. Depuis sa création dans les années 80, Isdera avait déjà dû faire appel à des soutiens extérieurs.
En 2017, la marque allemande s’était tournée vers la Chine pour l’aider à rester à flots. Un temps associé à la start-up chinoise WM Motor, spécialisée dans la voiture électrique, le constructeur est finalement passé entièrement sous le contrôle du groupe Xinghui Automotive. Une opération qui n’aura pas permis de survivre bien longtemps, puisque Isdera a annoncé sa fermeture définitive il y a quelques jours.

La Commendatore GT est la dernière création d’Isdera. Difficile de dire si elle a réellement été commercialisée, en revanche…
Isdera : de l’atypique à l’électrique
Évidemment, avec aussi peu de réalisations et, surtout, peu d’exemplaires produits, les créations d’Isdera sont relativement méconnues. En 2018, la marque, alors passée sous contrôle chinois, présentait la Commendatore GT. Cette supercar 100% électrique, dotée de deux moteurs fournissant un total de 804 chevaux, promettait 500 kilomètres d’autonomie. Toutefois, bien que le projet semblait très abouti, la voiture est tombée dans l’oubli le plus total. À tel point qu’on ne saurait dire si elle a réellement vu le jour.
Mais, des années auparavant, Isdera a accouché de petites merveilles d’ingénierie. L’AK 116i (AK pour AutobahnKurier) se voulait être un hommage aux Bugatti des années 20. Ce paquebot, produit en 2006, au look rétro était équipé de deux V8 5.0 d’origine Mercedes, répartis sur chaque essieu. La fiche technique est encore très actuelle, avec 600 chevaux et 900 Nm de couple. Attention aux consommations, en revanche, qui pouvaient atteindre 40 l/100 km… Des valeurs qui causeraient bien des crises cardiaques, de nos jours.

Ne vous fiez pas à son look sorti des années 20, l’Isdera AK 116i était capable d’aller vite. Très vite, même.
Deux modèles spectaculaires
En remontant en 1993, on trouve également la Commendatore 112i. Cette supercar, produite à un seul et unique exemplaire, était un hommage à Enzo Ferrari. Un modèle spectaculaire, doté de portes papillons, d’un rétroviseur intérieur semblable à un périscope de sous-marin et d’un châssis actif capable de s’abaisser à haute vitesse. La Commendatore 112i embarquait un V12 6.0 fourni par Mercedes, développant 400 chevaux. Un bloc que l’on retrouvera quelques années plus tard, dans les entrailles de la Pagani Zonda…
Et comment ne pas parler de l’Imperator ? Cette voiture, produite à une trentaine d’exemplaires entre 1984 et 1991, reprenait le design du concept CW 311 de Mercedes. Ce qui n’est pas une coïncidence, étant donné que le fondateur d’Isdera avait collaboré à ce projet quelques années plus tôt. Elle embarquait un V8, là encore en provenance de chez Mercedes, qui développait 395 chevaux. Une cavalerie qu’il fallait gérer avec une boîte manuelle, qui envoyait la puissance uniquement aux roues arrière.
Avec la fermeture définitive de la marque, les voitures d’Isdera pourraient bien voir leur valeur s’envoler dans les années qui viennent.